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Ajouté par Claude Fèvre le 12 septembre 2015.

11 septembre 2015, apéro-concert du Grand Rond, Hâte toi… lentement, Pablo Coustau et Léa Buijtenhuijs, guitare, chant,

 

Ils auraient l’air bien sages pour commencer… enfin, pas forcément dans le bon goût avec la robe de Léa aux motifs vaguement « panthère » ! Très vite elle devient Clarisse dans la bouche de Pablo, lui,  chemise blanche et pantalon à plis… mais pieds nus ! Je crois bien qu’il s’appelle Jacky !

Immédiatement leur apparition nous pousse dans une histoire farfelue, décalée, onirique aussi, auprès du « lac sans fond »… On ira s’égarer dans leurs vies antérieures, dans une soirée d’été qui avait tout pour plaire sans compter avec les moustiques, dans une promenade en forêt, une maison abandonnée, où pleure un bébé, dans le duo d’escrocs, Graziella et Manuel, aux accents vaguement espagnols… Et chaque fois, on s’en va croissant vers la démesure et la folie ! 

Et si Pablo interpelle le public pour lui demander s’il y croit ou non, c’est pour mieux indiquer que  tout l’enjeu est là. Se laisser guider, perdre la raison, emportés dans leur tourbillon, pendant les 55 minutes de leur duo qui pourtant ne manque pas d’égratigner ce que nous sommes en vrai.

Mais on rit, on s’esclaffe de leurs grimaces, de leurs disputes plus vraies que nature bien qu’en alexandrins (!), autour des corvées ménagères… Mais enfin « On n’a jamais vu Victor Hugo passer le plumeau… ou Stevie Wonder l’aspirateur ! » revendique un Jacky au comble de la bêtise. Clarisse répond avec cet argument féminin – féministe imparable : Au lit tu feras tintin…

Une histoire d’amour qui pourrait tourner mal souvent, comme beaucoup de nos histoires. Mais au final « C’est toute la vie qu’on s’aimera bien ».

Le spectacle est jeune certes. Sans doute Pablo et Léa feront-ils peu à peu des choix dans l’abondance de leur créativité et les choix de thèmes multiples. On ira même du côté de la question du chanteur d’aujourd’hui (Pablo ?) entre « Chanson » ringarde et nécessairement coincée et rock débridé, libérateur…

Mais la joie du public ne trompe pas. Ils savent faire pour le convaincre et plutôt bien. La jolie Léa et ses yeux clairs et profonds, connaît toutes les ficelles de la comédie. Quand elle devient une voisine bête à pleurer qui use de tous les poncifs racistes et s’esbaudit devant le discours facho de son député préféré, elle est au comble de son art !

Les Coloriés, c’est franchement désopilant et, bien entendu, dans nos réalités, notre actualité, les propos font mouche. Ah ! le pouvoir salvateur du rire et de la chanson !

 

http://www.nosenchanteurs.eu

 

Les Coloriés, l’amour à la moulinette

Les Coloriés, ravivent le Grand Rond

Ajouté par Michel Gallas pour Hexagone le 17 septembre 2015.

 

Les coloriés : de la chanson théâtralisée, un duo homme femme. Je les ai découverts au Bijou dans un « Osons » puis en février lors des « Coups de pousse » du festival Détours de chant. Déjà je t’avais dit le bien que j’en pensais. J’ai ensuite vu leur concert complet en mai Chez ta mère. Ici, pour les apéros concerts du Grand Rond, du mardi 8 au samedi 12 septembre, ils se produisent en format cinquante minutes. Vraiment une des belles découvertes du moment.

Un spectacle jeune mais déjà, au-delà des promesses, une belle réussite. Drôle, intelligent et inventif. Des thèmes variés, des personnages bien campés, des tranches de vie marquantes. Du rire et une certaine émotion. Léa a une superbe voix et une belle efficacité de comédienne,  Pablo un grand abattage au chant et à la guitare. Chaque chanson est bien construite avec une mise en scène spécifique et un rythme musical différent. C’est de belle qualité. Avec en plus le plaisir du mouvement et de la proximité liés à un spectacle sans sonorisation. Cela démarre par une chanson histoire plutôt surprenante Le lac sans fond, qui donne le la du spectacle : une histoire bien troussée qui contient des changements de rythme, un sens remarquable de l’observation, des répliques drôles et efficaces, un chant ensemble ou réparti, une mélodie bien marquée jouée à la guitare par Pablo, une forte qualité d’interprétation théâtrale des personnages par Léa très expressive et habile dans l’utilisation des accents ou intonations. De suite, le public est « emballé ».

 

Quelques autres titres semblent issus de leur imagination ou de leur observation comme Dans une vie d’avant qui évoque des (p)ré-incarnations en animal ou … en pamplemousse ; comme un titre, sur l’arrivée des soirées d’été perturbées par les moustiques, qui démarre en ballade et se finit quasiment en rap ; et comme celui de la voyante qui voit surtout … l’argent à prendre. D’autres scènes nous parlent du couple, de celui sur scène et surement des nôtres. Le moment le plus représentatif me semble être une joute verbale, style popularisé à Toulouse par les Fabulous Trobadors, qui évoque les rapports homme femme notamment autour des corvées ménagères. La femme : « Si tu déployais l’énergie Que tu mets à faire le con A tout frotter dans le logis Monsieur Propre serait ton nom« . L’homme : « On ne verra jamais Ravel descendre les poubelles … Picasso faire du tricot …  Attila changer les draps, Stevie Wonder passer l’aspirateur, Les rois mages faire le ménage, Hugo passer le plumeau. » On rit beaucoup, mais on sait que ce n’est pas innocent. Le second degré et l’autodérision font partie des bagages. Par exemple le personnage du chanteur (tiens il s’appelle Pablo comme le chanteur !) nous transporte dans une maison inconnue où il trouve un bébé qui pleure. On s’aperçoit qu’il a romancé sa propre maison et sa propre progéniture et sa femme lui fait remarquer qu’il ferait mieux de s’occuper de son enfant et de sa maison plutôt que de passer son temps à écrire et à chanter !

 

Ils se font aussi une spécialité de choisir des chansons d’autres auteurs, pas forcément connues du grand public, et de les intégrer totalement dans leur univers. Aussi je me doute que beaucoup ne savent pas qu’au moins trois titres n’ont pas été écrits par eux. Alors je t’en parle. J’ai reconnuRégulièrement de Reno Bistan une chanson sur le couple (qui n’arrive pas vraiment à vivre ensemble, qui n’arrive pas vraiment à vivre l’un sans l’autre) qui semble écrite pour eux (par eux). Ils s’approprient aussi Le gros chat du marché de Gilbert Lafaille pour en délivrer une version irrésistible. Ce titre dénonce le racisme (ordinaire) des gens en évoquant la transformation d’une rumeur. Léa, en commère raciste est remarquable. A partir de ce moment, la dernière partie du spectacle devient un peu plus engagée politiquement. Ils enchaînent avec un meeting d’un représentant de la France voyant dans son drapeau surtout la couleur blanche et Léa (en fait Ginette à ce moment là) s’en donne à cœur joie avec son personnage. Et ils terminent par le jubilatoire Les romanos de Maggy Bolle (oui celle dont je t’ai parlé pour son concert à Aurillac le mois dernier). Dans cette chanson, en synthèse, tous les suspects habituels peuvent être tranquilles car s’il arrive quelque chose le coupable c’est Les romanos.

 

Depuis le concert de mai, le spectacle a évolué. Il a trouvé son titre Hâte toi … lentement (texte dit lors de la joute verbale) et son rythme, plus soutenu. Il déclenche encore plus l’enthousiasme, la joie et l’ovation du public.  Un public qui (avec le bouche à oreille toulousain ?) est venu nombreux toute la semaine et est reparti ravi. Le fait de jouer cinq jours d’affilée permet vraiment de finir « le rodage » et d’affiner les réglages. Et cela donne envie de (re)voir le spectacle complet dans sa formule aboutie. Je suis persuadé que, vu ses qualités, et comme All’arrabiata dans un autre genre, ce duo peut être programmé dans la salle du théâtre (et non plus dans le hall comme pour les apéros concert) et aussi voyager hors de la région. Joué sans micro depuis sa création, Hâte toi … lentement pourrait avoir une vraie légitimité dans les festivals de rue (car on sent une forte envie d’utiliser plus l’espace, le lieu et aussi les réactions du public). Et Léa et Pablo m’ont confirmé cette possibilité, cette envie. Peut-être qu’en août prochain lors de mon escapade à Aurillac je les retrouverai. Avant de te laisser, je t’indique les participants de ce spectacle. Pablo Coustau (guitare et chant), toulousain, est aussi le leader du groupe Zoé sur le pavé dont je t’avais annoncé un concert en mars. Léa Buijtenhuijs (chant et comédie) vit à Bordeaux. Sans oublier, puisqu’on parle de chanson théâtralisée, le metteur en scène et coach qui se nomme Frédéric Harpe. Hexagonaute, tu sais que je te donnerai des nouvelles de ce duo étonnant et de ce spectacle détonnant. Et déjà tu peux aller sur le site des Coloriés où tu trouveras, entre autres, les photos prises pour Hexagone lors de leur concert en mai Chez ta mère.

 

http://hexagone.me

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